De Saint-Michel à Saint-André

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Aujourd’hui je suis partie en ville avec Ilia, et lui il ne parle que russe ou ukrainien et je ne le comprends pas toujours bien, c’était un peu un défi, mais ça s’est très bien passé. 

En l’attendant régler ses affaires, j’ai trainé pas loin du marché, en essayant de trouver des sujets de photographie dans un lieu qui a priori ne s’y prête pas. Essais avec le reflex pas visibles pour le moment, mais ceux avec le téléphone oui.

Et le reflet dans la flaque, renversé.

En métro nous avons rejoint le funiculaire qui monte sur la colline où s’élève la version toute neuve de Saint-Michel au Dôme d’Or.

Un vieux funiculaire, mais ça n’en reste pas moins toujours réjouissant ^^ Oui, il m’en faut peu!

Avant de vraiment visiter Saint-Michel, nous faisons un petit tour sur la colline pour admirer la vue sur le Dniepr par exemple, mais aussi le monument dédié à Vladimir, celui qui christiannisa la Russie kievienne vers 1000. La Russie etait née autour de Kiev qui en était encore la capitale à cette époque. Et encore les arbres et les corbeaux, nombreux… 

Quand soudain…

Heureusement les flocons étaient petits et peu nombreux, mais ils nous accompagnèrent tout l’après-midi.

Pour entrer dans l’enceinte de Saint-Michel nous avons longé un mur couvert des photos des soldats ukrainiens morts lors du conflit avec la Russie depuis 2014. Qui continue aujourd’hui et d’ailleurs il y eut encore des morts annoncés aujourd’hui. C’est dur de regarder tous ces visages en face. Je déteste la guerre. 

Saint-Michel est un ensemble avec monastère et église qui fonctionnent. Il y a aussi un musée sur l’histoire de l’église et il est possible de monter juste sous les cloches. C’est de là que j’ai pu prendre cette photo de Saint-Michel rutilante. 

Étrange histoire que celle de cette église dédiée à l’archange Saint-Michel le protecteur de la ville… Construite au 11ème siècle, plusieurs agrandissements au fil du temps, des restaurations au 19ème siècle, cette église romane entièrement peintes et contenant également des mosaïques, est détruite par les communistes vers 1936-1938. Il n’en reste que quelques pans de murs, bas. Les mosaïques sont envoyées a l’époque dans les musées de Leningrad et Moscou et tout n’est pas revenu malgré les demandes de l’Ukraine. Je ne suis pas croyante, mais j’apprécie l’art et l’architecture et une église aussi vieille est un témoignage de notre histoire.

Ilia m’a dit qu’aujourd’hui, l’église orthodoxe ukrainienne revendique son caractère officiel car pour le moment, en Ukraine, seule l’église moscovite est reconnue officiellement. Saint-Michel abrite l’église  ukrainienne. La reconstruction de Saint-Michel à l’identique selon photos et dessins a commencé dans les années 1990. Aujourd’hui, tout est terminé et l’église est magnifique, dehors et dedans (faut chercher sur internet car photos interdites) mais très rutilante. On voit qu’elle est neuve. Contrairement à Sainte-Sophie qui n’est qu’un musée, Saint-Michel est un lieu vivant avec des offices. Et ça se ressent. 

Apparemment, de part son histoire, c’est un peu un symbole de l’identité ukrainienne. En 2013-2014, l’église a soutenu le mouvement de protestation qu’on a appelé Euromaidan et elle s’est transformée en hôpital spontané et on y accueillait les contestataires blessés. Cette part de son histoire est revendiquée dans le musée, photos à l’appui. C’est « marrant », dans ma tête, révolution et église ça ne va pas ensemble. Visiblement, ici, ça ne pose pas de problème.

En sortant, Ilia m’a montré la fresque représentant le visage de la première victime de l’Euromaidan sur un mur d’arrière cour. Je ne sais pas le nom de cette personne mais l’artiste qui a réalisé ce portrait est Vhils, un artiste portugais. C’est tout près de Saint-Michel. 

C’était ma « photo du jour ». 

Nous sommes ensuite partis vers Saint-André, vraiment pas loin, mais le vent nous piquait pas mal… Avant d’entamer la descente Saint-André, nous avons été faire 3 fois le tour d’un très vieux tilleul près des ruines d’une église du 10ème siècle. Selon la tradition, notre vœu se réalise. Vœu ou pas, l’arbre est très vieux et émouvant, un peu tordu. 

Saint-André étant en réparation, nous ‘y sommes pas rentré et avons pris la descente, cette rue pavée aux nombreuses galeries d’art et à la maison où vécu l’écrivain Boulgakov. 

Les cafés et salons de thé plutôt jolis et modernes genre bobo ou hipster ou branchés affichaient une déco halloweenesque. J’ai eu envie d’en faire une photo pour cette nuit où l’invisible est si proche.

Nous sommes entrés dans une galerie, au pif, et c’était bien. Trois artistes, de grandes peintures que j’ai bien aimées et qui allaient parfaitement avec la musique orientale qui passait (le genre Anouar Brahem, classe). Il s’agissait des peintures de Yuristanbek Shygaev, l’un des artistes les plus connus du Kyrgyzstan. Mais ce qui m’a vraiment touché, ce dont les dessins d’Aliya Shagieva. Son site, que moi je ne peux pas voir depuis l’Ukraine car l’état le bloque: vk.com/nemnogochestnosti,  et sa page Instagram: https://www.instagram.com/chestnayaaa/

Enfin, en bas de la rue, il y avait, et il y a toujours, cette fresque murale que je trouve très belle.

J’ai trouvé un site qui répertorie les fresques murales à Kiev: http://kyivmural.com/uk/index Mais je ne sais pas y trouver le nom des artistes. D’après quelqu’un du réseau Diaspora où j’ai posté cette photo, il s’agit de (Seth) Julien Malland. Et une autre personne du même réseau m’a donné un autre lien avec tous les noms: http://www.theculturemap.com/street-art-huge-wall-murals-kyiv-ukraine/

Et voilà, retour en métro avec les jetons bleus et grignotage de fin de promenade dans le froid: « canapé » de gras, genre le gras des lardons mais que le gras, sur pain noir et recouvert d’une rondelle de petit concombre en saumure. Accompagné de vodka c’est mieux… et puis on ne tombe pas malade comme ça il paraît 🙂 Je me suis contentée d’une infusion de thym. 

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